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  • Photo du rédacteurEd Arty

Chroniques du FLEX WORK

Briser les habitudes permet de modeler son cerveau et de lutter contre Alzheimer. Je suis bien tombé chez mon client préféré, il a décidé de me briser (les habitudes).

J'arrive comme tous les matins chez lui. Sueur froide, je cherche mon badge. Sans lui je ne suis plus rien : pas d'accès, pas d'ordi, pas de cantine. Je le retrouve et peux enfin entrer.


La rangée de casiers qui m'accueille ressemble à une horrible consigne de hall de gare de l'ex-union soviétique, les graffitis et les portes éventrées en moins. Je badge pour ouvrir mon casier.

A l'intérieur, c'est un innommable fatras qui dégringole une fois que j'ai tiré la cagette en plastique qui occupait quasiment tout l'espace. Heureusement mon calendrier Aubade reste bien attaché à la porte. Je ramasse ma bouteille d'eau, des papiers qui auraient dû aller à la poubelle depuis longtemps, des stylos qui ne fonctionnent plus ainsi que divers bonbons du restaurant japonais et de la pizzeria du quartier.


Je referme mon casier et me mets à déambuler dans les couloirs pour trouver une place dans le flex open space du flex office de mon flex client. Il est temps que je me remette à flex-worker car je suis arrivé très en retard à cause de cette f… grève et parce que les places sont chères. J'ai l'air d'un livreur de poisson frais portant sa pêche à la criée.

Même en temps de grève, difficile de trouver un emplacement idéal et tranquille. Le client a tout fait pour gagner de la place.

Le flex work c'est ça : il a mis les gens en télétravail ou en déplacements entre les sites, il n'y a donc pas besoin d'une place par humain. C'est le premier amer constat : nous ne sommes plus que des marionnettes venant travailler.

J'avise l'espace où mon chef est déjà installé mais parti en réunion. Autour de son emplacement, toute sa cour est présente et a pris les meilleures places. Ils me regardent, goguenards, faire demi-tour car tout est complet ici. Deuxième espace, je reconnais très vite qu'il est occupé par trois boulets dont les voix portent, toute le journée, au-delà des maigres limites des lieux. Troisième espace, je remarque tout de suite que je ne suis pas le bienvenu : tous les regards se tournent vers moi en me disant "ici nous avons nos habitudes, pas d'étrangers".



Je finis par échouer face à la cafet' (qui est un espace silence et n'est pas une cafet'). Elle ressemble à une salle de restauration rapide, sauf qu'il est interdit d'y manger et que tout le monde l'utilise comme cafet' ! Il y a là une fille au rire tonitruand qui semble être en pause depuis une heure et n'a manifestement pas encore terminé son café.


J'extirpe de mon cageot mon ordinateur portable, mon casque, ma souris, ma bouteille d'eau, mes papiers, stylos, la photo de mon iguane et je commence à organiser l'espace de travail. Je dois rebrancher tous les fils et orienter les écrans, régler le fauteuil, me remémorer le règlement car il est interdit de squatter une place sur laquelle on ne travaille pas. Je rangerai tout le bazar et la photo de mon iguane à midi pour sortir manger.


Je peux enfin bosser. Je branche mon casque et me connecte en urgence au daily meeting agile (ou stand-up meeting). Normalement tu te mets debout dans une salle et la réunion ne dure pas. Nous préférons la faire assis chacun à sa place et la réunion s'éternise. Ca permet au moins de dire bonjour à tous mes collègues qui sont à quelques mètres de moi et que je n'ai pas vus.

J'essaye de parler à voix basse mais n'y parviens pas, il y a des gens comme ça, et tout mon espace me fait la tronche. Tout au moins cela me permet-il de parler plus calmement. Comme je m'ennuie la moitié du flex machin, je prends mon smartphone pour regarder qui twitte, personne ne sais que je geeke au boulot.


C'est une belle journée qui a commencé !

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