Cet article est très sérieux.
L'en(v.f)er(s) du décor du monde du conseil est décrit avec humour dans le livre
(lien ci-dessus)
En athlétisme, le "lièvre" est celui qui court devant le champion pour lui insuffler le bon rythme, le tempo, le relancer ou le ménager en fonction de son état et du chrono.
En matière de course à la recherche d'une mission, il y a aussi des lièvres.
Un cabinet m'a appelé récemment pour une belle mission. Il m'a fait déplacer pendant les grèves et là, surprise, l'entrevue avec l'associé n'a duré que 30 minutes. Pas de quoi me poser beaucoup de questions pour savoir ce que j'avais dans le ventre. Il conclut très vite que je fais l'affaire, me demande une totale franchise et me promet de même. Je lui demande combien de candidats il présente. Il m'indique qu'il me prend seul et qu'il a la confiance du client, pas de problème pour que je sois pris.
Le rendez-vous suivant se fait chez le client, en tête à tête. Même chose, le client arrive en retard, l'entretien dure 45 minutes et il me demande si j'ai des questions. J'en ai plein et il y répond tellement vite que je comprends qu'il a envie d'aller déjeuner et de ne plus voir ma tronche. Nous nous disons au revoir, l'entretien s'est néanmoins bien passé, selon mon ressenti.
J'appelle l'associé qui nous a présentés pour lui faire un compte rendu. Il est sur messagerie. Je lui laisse un message vocal et un SMS et lui demande de me tenir informé. Je sais que le client et lui se voient dans l'après-midi.
Il ne me rappelle pas.
Ni le lendemain. Malgré mes relances par SMS. Etrange.
Il finit par me rappeler. Il entre vite dans le vif du sujet : "le client m'a demandé de lui présenter deux profils, tu comprends, et il a eu plus de feeling avec l'autre, tu vois".
Ce qu'il s'est passé est très simple : il avait déjà un candidat (interne à son cabinet ou moins cher que moi, sur lequel il ferait plus de marge). J'ai servi de lièvre : il m'a invité à courir mais lui savait que je n'aurai pas la victoire. Il m'a pipoté et je comprends avec le recul qu'il n'ait pas été bien regardant sur les détails de mon CV. Il a présenté l'autre en premier au client et validé avec lui sa candidature, il n'était pas compliqué de l'influencer.
Le client n'avait plus vraiment besoin de me rencontrer.
En fait de lièvre, j'ai servi de pigeon !